Antoine Martin « Le désir des ailes »
Flugzeug « le désir des ailes » : 3 sculptures monumentales sont suspendues dans l’espace, l'architecture de ces pièces faites de câble, de toile sous-tendue par des structures de bois contreplaqué est une invitation à la légèreté.
« A l’origine de ce travail sculptural, il y a le souvenir d’un père, Michel Martin, passionné d’aéronefs dans les années 30 et rescapé d’une grave chute avec son planeur. Un dramatique accident d’avion est également à l’origine de toute l’œuvre de l’artiste allemand Joseph Beuys et sa création fut comme une volonté de rédemption face à la tragédie de l’Histoire. Les pièces actuelles d’Antoine Martin, dans le souvenir de cette passion paternelle de l’aviation, sont peut-être aussi une forme de rédemption dans le désir de ne jamais cesser de rêver le ciel. « Mais en quoi le ciel peut-il sourire * ? » C’est donc à nous d’en ouvrir les ailes sans cesse. » d'après Joseph Farine.
*cf Albert Camus, Le désert (Noces)
Dans les petites salles, on déambule pour découvrir d’autres périodes de travail. Il y a un caractère rétrospectif dans cette partie de la galerie.
Les petits formats ici montrés se présentent comme des variations sur le chiffre 4, qui fait référence entre autres, pour l’artiste, aux quatre points cardinaux, limites qui définissent le monde. Polysémique, ce chiffre se rattache encore à la solidité, à la terre. Formant des croix fragmentaires, amputé en partie, le 4 permet de nombreuses fluctuations artistiques sur sa géométrie. Antoine Martin explore ce chiffre en lui superposant différentes couches de plexiglas à travers lesquelles filtre la fameuse couleur, plus ou moins cachée, plus ou moins visible : celle-ci éclaire quelquefois la composition ; d’autres fois, elle apparaît comme perçant à travers une brume créée par l’empilement du plexiglas et du papier calque. Ces agencements fragiles, comme en suspension, sont enrichis par un pourtour de fer qui permet de les enfermer, tel un précieux trésor. Les œuvres oscillent entre stabilité et évanescence.
À côté de ces pièces délicates et légères, Antoine Martin a travaillé sur des œuvres plus monumentales, reprenant le support du bois qui lui est cher. Le jaune domine là aussi ces compositions faites à partir de planches et de matériaux récupérés, recouverts de peinture et de cire. Cet aspect brut frappe le spectateur. Les formats sont variables, allant des plus petits qui s’assimilent presque à des portraits, à de plus importants, larges plages que l’on verrait bien extraites d’un monde industriel. D'après K.Tuszynski