Old Hall to Howells, English Requiems 1380/1980
Flores harmonici, sous la direction d'Alexandre Traube, présente (enfin) à Neuchâtel et à Fribourg son programme Old Hall to Howells, English Requiems : un Requiem reconstitué du Moyen-Âge auquel répond un Requiem du 20e s. deHerbert Howells .
- Représenter un requiem médiéval ? Merveilleux mais impossible, Mr Holmes, vous savez bien qu'on n’a jamais retrouvé de requiem polyphonique avant la Renaissance.
- Élémentaire, mon cher Watson, à partir d'indices négligés jusque-là, je vous reconstitue la chose.
L'ensemble Flores harmonici célèbre ses 20 ans avec ce programme reconstituant un requiem au Moyen Âge, d'avant les premiers requiem, auquel répondent, en miroir, des chants funèbres de notre époque, d'une intense beauté. Ces deux univers anglais présentés ou créés ici se situent ainsi aux extrémités de l'histoire de la musique polyphonique.
L'un, contemporain, par Herbert Howells (1892-1983), présente des œuvres sacrées a cappella parmi les plus profondes de notre époque (Requiem, Take Him Earth For Cherishing). Le Requiem alterne des textes de psaumes en anglais dans l'esprit anglican et le texte latin du début des messes des morts : requiem æternam... Sa dense polyphonie prend des accents de grandeur ou de simplicité dans une beauté de tous les instants au service du deuil et du recueillement.
L'autre est une création-reconstitution d'un Requiem à plusieurs voix tel qu'on aurait pu l'entendre dans l'Angleterre du 14e, un siècle avant le premier Requiem polyphonique dont on ait gardé la trace. Il se base notamment sur des pièces du célèbre Old Hall Manuscript qui citent la mélodie de ces chants dans la messe des morts grégorienne.
Le Dies Iræ est réinventé pour l’occasion dans le style des improvisations anglaises de l'époque. Alexandre Traube propose également en création sur cette thématique funèbre ancienne et moderne un Ave Maria defunctorum. Les deux univers, contemporain et médiéval, se répondent et finissent par s'interpénétrer.
