La libération de Mozart

Depuis 1957, le Festival de Gstaad résonne dans les vallées alpines avec plus de 60 concerts, portés par les voûtes des églises et la grande Tente, telle une scène ouverte au souffle de la musique classique.
À une époque où l’expression artistique est souvent associée à la liberté individuelle, on oublie que, pendant des siècles, la musique fut essentiellement dictée par des commandes venues de l’Église ou de la noblesse. En 1785, lorsque Mozart compose son 20ᵉ Concerto pour piano sans répondre à une commande précise, il franchit un cap essentiel : celui de créer « pour soi ». Cette autonomie nouvelle insuffle à l’œuvre une sincérité lumineuse, particulièrement palpable dans la Romance centrale, intime et délicate, comme une confidence murmurée à l’oreille.
Dans un registre plus mesuré mais tout aussi significatif, les dernières symphonies de Haydn, composées à Londres, traduisent elles aussi cette volonté d’émancipation. La Symphonie « Oxford », écrite alors qu’il s’apprête à tourner la page des Esterházy, marque une étape symbolique.
Créée lors de la cérémonie qui lui vaut le titre de docteur honoris causa à Oxford, elle illustre parfaitement cet élan des Lumières vers une musique affranchie, façonnée par l’élan personnel autant que par le souffle de l’époque.