Pièces de guerre en Suisse
Antoinette Rychner embrasse d’un regard large et non dénué d’humour la Suisse contemporaine. Maya Bösch met en scène un chœur théâtral polyphonique pour susciter le débat sur des situations quotidiennes, les savoirs et les mémoires collectives.
La metteuse en scène Maya Bösch crée Pièces de guerre en Suisse, le nouveau texte théâtral commandé à l’autrice Antoinette Rychner. Pièces de guerre en Suisse est un titre programmatique inspiré du dramaturge Edward Bond. De cette curieuse confrontation entre guerre et Suisse découlent toutes les thématiques de la pièce : Maya Bösch et Antoinette Rychner explorent les rapports de la Suisse avec elle-même et avec les désordres du monde, alternant fragments, dialogues, récits et notes liminaires.
L’acte 1, "Rétablissement de la peine de mort", voit discutée une initiative populaire d’un parti populiste suisse, des voisins se disputer pour une affiche de propagande, des exécutés historiques suisses ressurgir. Durant le deuxième, "Les ennemis", une femme rêve que des agresseurs entrent chez elle pour la massacrer, puis il est question de race, de port du voile et de l’Islam dans l’espace public ainsi que de Heinrich Rothmund, responsable du rejet des personnes réfugiées dépourvues de visa à la frontière suisse en 1942. Dans "Grande paix", le troisième acte, des Suisses évoquent la fondue, la "religieuse", la lutte ou encore la conseillère nationale Ada Marra; la filiation et l’éducation, le proche et le lointain; leur marge d’action politique, leur possibilité de résistance à l’économie de marché; les violences à venir.
Avec une rare inventivité formelle, le texte embrasse d’un regard large et non dénué d’humour la Suisse contemporaine. Maya Bösch en fait un théâtre improbable, absurde, original et transgressif : autant de successions de scènes et de personnages pour susciter le débat sur des situations quotidiennes, les savoirs et les mémoires collectives que de ruptures, d'oppositions et de résistance entre différents points de vue.