Bigre
Un mélo burlesque signé Pierre Guillois
Pierre Guillois a signé un retentissant Le gros, la vache et le mainate, qui avait décoiffé le Théâtre du Jorat en 2012. Son nouveau spectacle Bigre est à la fois proche, par sa fantaisie, et différent – il n’y a pas la même volonté de provocation, voire de confrontation avec les spectateurs. Mais comment raconter ce spectacle de dingues ?
Reprenons quelques extraits des programmes des Théâtres de Beausobre, à Morges, et du Reflet, à Vevey, où ce spectacle a connu des représentations délirantes.L’histoire ? Sous les toits d’un immeuble, trois colocataires, deux hommes et une femme, dans autant de chambres de bonne, mènent « une vie normale », à la fois gaffeurs, solitaires et touchants. Et puis, un jour, ils se rencontrent sur le palier. Entre hurluberlus, on se comprend très bien.
Le décor rappelle les univers enchantés de Wes Anderson et d’Amélie Poulain, avec des effets spéciaux clairement visibles. C’est voulu, c’est léger, et face à cette maison de poupée loufoque, on retombe en enfance. Dans le ciel, les oiseaux sont en carton, mais le lapin sur les genoux du voisin du milieu, quant à lui, est bien vivant.Sans dialogues mais avec une musique qui porte les personnages des baisers jusqu’aux toilettes, cette pièce transmet un plaisir rare. Une plongée dans un petit monde plein de malice, de mélancolie, de bains de soleil sur le toit et de karaoké, inspirée par Charlie Chaplin, Jacques Tati, Jérôme Deschamps et les cinéastes Jeunet et Caro. Un mélo burlesque poétique et jouissif.