Les Externalités négatives - Yves Rosset
Avec Les externalités négatives, Yves Rosset signe une chronique sans fard de notre époque. Rencontre-lecture avec l'écrivain
Explorant le temps de l’anthropocène au fil d’une prose mélangée, Les externalités négatives, paru en 2017 aux Editions Campiche, tentent de saisir les jours qui nous surprennent, les jours qui nous emportent. Un voyage entre Berlin, où l’auteur vit depuis 1990, et Lausanne, au cours duquel il s’interroge notamment sur ce qui lie, ou non, au lieu d’où l’on vient.
« Le titre, un rien abscons, vient du monde économique. Externalité désigne « le fait que l’activité de production ou de consommation d’un agent affecte le bien-être d’un autre sans qu’aucun des deux reçoive ou paye une compensation pour cet effet ». Toute une vision du monde, de notre société de surconsommation aveugle se comprend donc dans l’expression Externalités négatives.
De janvier à décembre, ces carnets d’Yves Rosset retracent l’année 2011, telle qu’il l’a vécue. Celle du printemps arabe, de Fukushima et d’Anders Breivik. Celle de la mort de Steve Jobs et de l’affaire DSK, « sur presque sept milliards d’êtres humains, cette nouvelle-là ».
À ces événements répond un deuil: l’écrivain se souvient de la maladie puis des derniers jours d’une tante qui lui est chère et dont il va vider le grenier.
Souvent, il s’adresse à elle, et la force du livre naît notamment de ce contrepoint poignant, de l’alternance entre les questionnements intérieurs, les échos du monde et cette douleur intime: « Puis soudain, j’avais eu peur, car avec toi, si tu partais, ce serait la voix du monde des ancêtres paternels qui disparaîtrait, monde que je voulais encore que tu me racontes, que tu m’ouvres, me transmettes … »
Extrait de l’article de Eric Builliard, La Gruyère, 29 mai 2017
À l’issue de la représentation, commentaire de Daniel Maggetti, du Centre de Recherches sur les Lettres Romandes, UNIL