ZOMBIE ZOMBIE - VOX LOW

Soirée Born Bad Records

Après avoir marqué les esprits lors de leur première prestation mémorable aux Caves du Manoir en 2019 pour célébrer la sortie de leur premier album, Vox Low revient en Suisse pour le lancement de leur deuxième opus. Pour l’occasion, ils seront accompagnés de leur magistraux acolytes Zombie Zombie pour une soirée estampillée Born Bad Records, label salué par la critique pour son originalité, son audace et sa contribution à la scène musicale indépendante. Une invitation à la transe qui vous fera oublier les frimas extérieurs.

En 2006, Étienne Jaumet et Cosmic Néman s’associent pour former le duo Zombie Zombie. Comme leur nom l’indique, Zombie Zombie puise son inspiration à la fois dans l’univers des films d’horreur et dans des univers musicaux éclectiques, notamment en l’occurrence un morceau de Fela Kuti. La synthèse des gouts musicaux de Zombie Zombie couvre sans problème 95 % des styles répertoriés par Discogs, entre musique électronique, free jazz, afrobeat, kraut, doom, techno.

En 2012, le duo devient trio et se déploie avec deux batteries, des synthétiseurs analogiques, un saxophone et un vocodeur déglingué créant ainsi un style de krautrock moderne caractérisé par des boucles hypnotiques, une ambiance sombre et psychédélique, ainsi que des rythmiques répétitives.

Zombie Zombie - FR

En janvier 2022, Zombie Zombie a quinze ans, soit 90 piges en années-de-groupe (multiplier par six : plus qu’un chat, moins qu’un chien). Le groupe est remixé par les plus grands, par Gesaffelstein par exemple et même — dans un style un peu plus douteux il faut bien l’avouer — par Lady Gaga. Ça aurait été assez pour poser leur cul sur le transat de l’actualité musicale, avec un Old Fashioned dans chaque main. Mais non : ils se lâchent totalement sur un nouvel album dans une orgie doom grasse et réverbérée.

Ça devait arriver. Ils sont allés trop loin. À force de digger à rebours dans les bacs italodisco, ils ont fini par remonter jusqu’à l’antiquité. Résultat, ça chante en latin. Pas le latin de cuisine de l’abominable Era, non, du bon vieux latin des familles, qu’ils sont allés pomper chez Érasme, en débauchant une néo-latiniste pour séquencer ses adages proprement.

Ça chante en latin, donc, et ça chante beaucoup. Jusqu’ici Zombie Zombie poussait la chansonnette pour des reprises de Iggy Pop, Sun Ra ou New Order. Là, ils ont construit de longues progressions harmoniques, dans lesquelles se promènent Angèle Chemin, soprano rompue au contemporain barré, et Laura Etchegoyhen, couteau suisse d’origine basque. On le sait, même si on n’a pas usé ses fonds de culotte sur les bancs d’une église : le latin, ça se chante bien.

Aussi distingués qu’ils soient tous les trois, ils n’ont pas non plus fait leurs humanités chez les Jésuites. Born Bad Records n’a pas signé de partenariat avec la ligue de préservation des langues anciennes, alors lorsqu’on leur demande « pourquoi ? » ils répondent simplement « Envie de rester mystérieux, de passer des messages cryptiques, de se replonger dans une langue d’un autre temps, comme les moines copistes du Moyen Âge ».

Vae Vobis, mort à vous, Vae Victis, mort aux vaincus. Les sans-dents qui n’ont pas su traverser la route pour trouver du boulot ? Non, « un sort jeté » aux dominants. Dans la langue de l’Empire, ça parait cohérent.

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