Blind Runner

Parler de l’exil. A travers les souffles. La peur. Les monologues intérieurs. Le dramaturge iranien Amir Reza Koohestani fait cohabiter les solitudes dans un tunnel synonyme, peut-être, de vie meilleure.

Téhéran. Une journaliste emprisonnée demande à son mari d’aider une jeune fille, rendue aveugle par une balle tirée lors des manifestations iraniennes, à rejoindre l’Angleterre par le tunnel sous la Manche. Ils doivent parcourir 27 kilomètres en moins de quelques heures et risquent d’être percutés par le premier train du matin. 

Habitué des performances puissantes et poétiques, Amir Reza Koohestani se penche ici sur l’état de la société iranienne contemporaine. Sur scène, un comédien, une comédienne. Ensemble, mais inexorablement séparés. Leurs dialogues haletants font écho à leurs monologues intérieurs et à des fulgurances de poésie persane, seule capable d’illuminer leur isolement forcé. « Blind Runner » est une traversée. Celle de la nuit des cœurs et des âmes. Celle d’un pays gangréné qui lutte sans relâche pour sa liberté. Celle vers un ailleurs terrible autant que fantasmé.