Les Jardins Musicaux 2024 BLACK ANGELS
LUDWIG VAN BEETHOVEN : Grande Fugue en si bémol majeur pour quatuor à cordes, op. 133 ANTON WEBERN : 5 mouvements pour quatuor à cordes, op. 5 GEORGE CRUMB : Black Angel
À chaque écoute, la Grande Fugue de Beethoven continue de stupéfier. Les tensions entre l'innovation de son langage musical et les formes traditionnelles établies y sont mises en scène avec un drame saisissant. Véritable prophétie du 20e siècle ou simple réflexion sur le passé ? Beethoven repousse les limites de la musique qu'il s'est lui-même imposées. Considérée comme son œuvre ultime, la Grande Fugue se démarque par une progression intense et somptueuse, teintée de tragédie qui empêche toute célébration triomphale.
De manière similaire, l'audace des perspectives de Webern et l'originalité de sa sensibilité continuent de surprendre. Elles se manifestent pleinement dans les Cinq mouvements pour quatuor à cordes, opus 5, où l'on découvre la prédilection du compositeur pour les formes brèves, intensément condensées (l'ensemble ne dure que 10 minutes !). Cette œuvre se distingue par une structure très rigoureuse, l'utilisation riche et diversifiée des techniques musicales et un univers poétique qui est la marque de ce génie pure.
« J'ai conçu Black Angels comme une parabole de notre époque troublée », affirme George Crumb. Composée en 1970, au cœur des protestations contre la guerre du Vietnam aux États-Unis, cette œuvre s'est imposée comme une référence, marquant durablement les esprits des interprètes et des auditeurs. Elle transforme le quatuor à cordes traditionnel par l'utilisation de l'électrification et l'ajout d'effets spéciaux et regorge d'allusions évidentes à la musique tonale, incluant des reprises de "La Jeune Fille et la Mort" de Schubert, le "Dies irae", ainsi que "Le Trille du Diable" de Tartini.