Prévert
Yolande Moreau – Christian Olivier
Avec quel outil les feuilles mortes se ramassent-elles ? Avec un râteau ou avec une pelle ? Pas besoin d’avoir étudié Jacques Prévert à l’école pour le savoir. Le chantre du cancre qui dit non avec la tête mais oui avec le cœur, le sacripant qui enjoignait à Notre Père qui êtes aux cieux d’y rester, ce génie des inventaires avec ratons laveurs appartient toujours au cercle de nos amis. La guerre, disait-il, est une connerie. Personne avant lui n’avait proféré cette vérité avec autant d’évidence.
Entourés de trois musiciens à la guitare, à la scie musicale ou encore aux bruitages, Yolande Moreau et Christian Olivier livrent un hommage fraternel et fervent à la truculente liberté de l’homme à la casquette. On connaît la première pour avoir illuminé les indémodables Deschiens, pour ses films aussi, petits chefs-d’œuvre de drôlerie tendre. À ses côtés, le compositeur et chanteur des Têtes raides a célébré gens ordinaires et fringantes guinguettes pendant trente ans au son de trompettes et d’accordéons fougueux. Amoureux du verbe sous ses formes aussi bien sonores que graphiques, Christian Olivier suit aujourd’hui une carrière solo riche en performances poétiques où son talent de fin lecteur fait merveille.
Les Feuilles mortes, Barbara, Je suis comme je suis, La Grasse Matinée… En chantant ou en disant, le duo redonne vie à des poèmes connus comme à des textes restés dans l’ombre. Étranges étrangers pourfend le racisme, Adrien raconte une existence sans éclat, Écritures saintes imagine le Très-Haut comme un gros lapin. On rit, on pleure, puis on rit à nouveau. Et ainsi de suite.