Carte blanche à Charles Méla
Les penchants criminels de la Norvège démocratique
Charles Méla, professeur honoraire à l'Université de Genève et ancien directeur de la Fondation Martin Bodmer, sera présent à la Comédie de Genève le samedi 4 novembre pour une conférence autour de la pièce Un ennemi du peuple de Henrik Ibsen, à l'affiche du 2 au 11 novembre dans une mise en scène d'Eric Devanthéry.
Ibsen, le poète et dramaturge norvégien, a su en une vingtaine de pièces majeures, écrites en norvégien dans les 30 dernières années du XIXe siècle, réinventer la tragédie antique à l’égal de Sophocle, au point d’anticiper Freud qui voyait en lui l’égal de Shakespeare, tout en inventant dans le décor réaliste d’intérieurs bourgeois de son pays le théâtre moderne.
Corrosif, férocement satirique, mais aussi intensément poétique, hanté par les légendes païennes nordiques, étrangement inquiétant dans les résurgences sombres des malédictions passées et enfouies comme dans les vertiges suicidaires recherchés dans des sommets insaisissables, il a redonné voix à des femmes en quête de leur liberté et invité tout homme à se découvrir maître de son destin, non sans nourrir encore un doute toujours plus profond.
La pièce Un Ennemi du peuple, datée de 1882, est la plus virulente critique sociale, fustigeant « la majorité compacte », et elle semble la pièce la plus simple, la plus linéaire de toutes, entre Les Revenants de 1881 et Le Canard sauvage de 1884, et pourtant s’y retrouvent les tremblements fatals qui agitent toute destinée humaine.
Cette conférence sera suivie d'une séance de dédicaces du nouveau livre de Charles Méla : Au théâtre dans le texte : d'Eschyle à Beckett.