Face de pierre | Davide-Christelle Sanvee

L’entrée de la performeuse drapée en République et coiffée des bastions de la Rome protestante n’est que le début d’une série de transformations venant déplacer les mythologies identitaires.

Programmée l’année dernière et annulée pour cause de travaux dans la cour de l’Hôtel-de-Ville où elle devait avoir lieu, la performance de Davide-Christelle Sanvee revient en force.

Réveiller les génies des lieux, elle sait faire. Elle sait les débusquer et les apprivoiser. Les chorégraphier est son métier. Depuis son arrivée à Genève, « cette ville qui [l]’a adoptée comme elle pouvait », Davide-Christelle Sanvee observe, détaille et traduit en performances les rapports sociaux et politiques qui transpirent des murs qui l’accueillent. C’est à travers leur architecture qu’elle évalue leurs facultés d’intégration. Présentée au musée des Beaux-Arts d’Argovie, son intervention Le ich dans nicht lui a valu le prix suisse de la performance en 2019. Le jury a notamment été impressionné par sa capacité à « aborder de manière subtile des questions sociales pertinentes, comme les mécanismes d’exclusion vécus dans son propre corps ». Aujourd’hui, pour sa nouvelle création, elle a choisi le cœur de l’hôtel de ville de Genève : la cour de Saint-Pierre. Ses huit arcades vides, ses larges escaliers conçus pour les illustres cavaliers et son blason « Aime ton pays » s’animent d’une chorégraphie équestre drolatique. L’entrée de la performeuse drapée en République et coiffée des bastions de la Rome protestante n’est que le début d’une série de transformations venant déplacer les mythologies identitaires. Avec le cheval pour symbole et l’identité comme bataille, Davide-Christelle Sanvee nous transporte avec humour et finesse.

Et c’est aussi avec humour qu’elle le confirme : « On dit souvent que les murs ont des oreilles, eh bien [dans la cour de] l’Hôtel-de-Ville, ils ont des yeux et une bouche. Ils ne seront pas silencieux. »