Il était une fois la vie privée
Les réseaux sociaux savent tout de nous. Ils savent si nous sommes tristes ou joyeux, confiants ou préoccupés. Ils enregistrent nos secrets les plus inavouables.
Ils savent à quoi nous rêvons, ils connaissent le nom de nos enfants et de nos animaux domestiques. Nous sommes en continu plus de trois milliards et demi d’individus connectés à nourrir le réseau, à générer des données qui sont, la plupart du temps à notre insu, analysées, traitées, et vendues. Mais en lui offrant spontanément nos pensées les plus intimes et les informations les plus triviales, ne sommes-nous pas en réalité nous-mêmes les fossoyeurs de notre propre droit à une vie privée ? Acquisition du savoir et de l’information à un coût marginal, transformation de la relation à l’autre, innovation scientifique, économique, sociale et culturelle majeure, les bénéfices et les acquis de la société numérique sont indéniables. Mais le prix à payer en matière de libertés individuelles semble aujourd’hui être devenu infiniment cher et inquiétant. Le temps de la résistance serait-il, là aussi, venu ?
Avec près de deux milliards d’utilisateurs sur la planète, Facebook est devenu notre grand rassembleur, notre confessionnal, notre crieur de news. Mais il est aussi notre surveillant, notre dénonciateur, notre censeur et notre dealer de contre-vérité. Et, en cas de problème, quand vous tentez d’entrer en contact avec lui comme le héros du film Facebookistan de J. Gottschau en a fait l’expérience, Facebook devient en réalité « Faceless », sans voix, et sans visage.
DEBAT
Intervenant.es
Nicolas Capt | Avocat genevois spécialiste des technologies numériques
Bernard E. Harcourt | Professeur à la Columbia University et auteur de l’ouvrage Exposed: Desire and Disobedience in the Digital Age (Harvard 2015)
Max Schrems | Avocat autrichien à l’origine d’un procès contre Facebook
Modération par
Amaelle Guiton | Journaliste à Libération, auteur de "Hackers: au coeur de la résistance numérique" (Au diable vauvert, 2013)