Humour sombre – Inner Emigration VI
Depuis 1957, le Festival imaginé par Yehudi Menuhin attire les plus grands artistes de la scène classique !
Le Troisième Quatuor de Chostakovitch se dresse comme l'une des œuvres les plus marquantes de son répertoire, offrant un panorama saisissant de deux décennies d'histoire soviétique. Il ramène l'auditeur, dès 1946, à l'insouciance trompeuse des années 1930, grâce à des emprunts joyeux mais empreints de sarcasme au folklore, avant de le plonger dans la menace pesante de 1939, de lui déchaîner la furie guerrière de 1941 à travers d'efficaces parodies de marches militaires, et enfin de l'inviter à prier pour le salut des martyrs en 1945 avec un Adagio bouleversant, semblable à un requiem post-conflit. Ce tableau de réalisme intense n'est guère surprenant pour avoir été cloué au pilori par la censure du régime, comme tant d'autres pages de l'œuvre de Chostakovitch.
Dans une ambiance nettement plus sereine, les musiciens de Hagen accueilleront en seconde partie de soirée le lauréat 2017 du Concours Clara Haskil de Vevey, le Japonais Mao Fujita, qui viendra tracer aux côtés de ses collègues les courbes monumentales du Quintette avec piano de Johannes Brahms, œuvre que le compositeur avait longtemps tenté de maintenir unie... sans l'appui d'un piano.
