La Passion selon Saint Jean
Par Raphaël Pichon et son ensemble Pygmalion, une des meilleures formations baroques actuelles, pour la première fois en Suisse, en clôture du week-end pascal et de leur tournée dans les plus grandes salles européennes.
Dans la tradition liturgique luthérienne, les célébrations de la Semaine Sainte étaient marquées par le chant du récit de la Passion du Christ, un moment de communion spirituelle. Les plus éminents compositeurs baroques allemands ont créé des Passions, qui ont évolué vers un oratorio avec une dramatisation plus complexe. Initialement centrées sur trois personnages - le Christ, l'Évangéliste et la foule - elles ont été enrichies de nouveaux protagonistes, avec de nombreux airs, des récitatifs expressifs, des commentaires et des chorals chantés avec l'assemblée.
Jean-Sébastien Bach aurait composé une Passion sur les textes de chacun des quatre évangélistes, mais seules deux nous sont parvenues, toutes deux remarquables : La Passion selon Saint Matthieu et La Passion selon Saint Jean. Cette dernière est remarquable par sa simplicité qui touche directement le cœur, empreinte de douceur et de dévotion. Bach, alors Cantor à Leipzig en 1724, a choisi un livret du poète Barthold Heinrich Brockes pour sa musique céleste à l'atmosphère intime et méditative. Il attribue au chœur un rôle crucial : celui de la foule hostile autour du Supplicié mais aussi, dans un final majestueux et plein d'espoir, celui des Chrétiens animés par une foi profonde.