Opéra : "Don Pasquale"
Cela fait plus de vingt ans que Don Pasquale n’a pas été donné à l’Opéra de Lausanne, qui accueille pour la première fois le chef spécialiste de ce répertoire Giuseppe Grazioli.
Quand Gaetano Donizetti conte les mésaventures de Don Pasquale, il signe l'un de ses opéras les plus chéris et nous amuse pleinement. Le quatuor réjouissant de personnages s'inspire de la commedia dell’arte : le vieux Don Pasquale épouse l'espiègle Norina, qui est secrètement aimée d’Ernesto, ce qui crée l’occasion idéale pour une belle sérénade. Le rusé docteur Malatesta, avatar d’Arlequin, élabore un stratagème astucieux, et voilà que Norina, douce comme un agneau, se transforme en dragon redoutable. Une gifle, qui frappe aussi bien le vieux mari que les spectateurs de l'époque, résulte de cette tromperie savamment orchestrée !
Cette comédie débridée, bien que drôle, n'est pas dépourvue d'émotion. On en vient à être touché par un Don Pasquale berné et dépassé par un monde moderne, mais somme toute très humain. La caricature évolue en satire sociale. Après deux siècles d'opéra bouffe, voici l'apogée en 1843, avec un souffle de modernité qui complexifie ses contours. Donizetti transforme ses personnages pour qu'ils deviennent des contemporains du public, permettant à chacun de s'identifier à eux.
Le metteur en scène Tim Sheader nous tend également un miroir, avec sa vision divertissante inspirée des séries télévisées actuelles. Don Pasquale, sous les traits d'un grand patron cédant aux sirènes du jeunisme, résonne comme un reflet moderne de notre époque.