CANDIDE - SI C'EST CA LE MEILLEUR DES MONDES

Grâce à l’adaptation de la jeune metteuse en scène Maëlle Poesy, l’épopée de Candide chassé de son château, mettant à l’épreuve l’optimisme guidé par Dieu de son maître Pangloss, semble ici d’une pertinence à la portée de tous.

Il est de ces spectacles dont le choix peut paraître surprenant dans une ligne de programmation  qui tient un même cap depuis des années, où l’on tente de se raisonner.  Mais l’envie se fait trop forte et on finit par y céder avec bonheur. Ce Candide est sans conteste un coup de coeur. Plus ou moins lointain souvenir des années lycée, voici, en  premier lieu, l’occasion opportune de retrouvailles avec Voltaire qui, sous le pseudo du docteur Ralph, publia en 1759 l’illustre conte philosophique, édifiant, rocambolesque et caustique à souhait. De fait, deux siècles et demi plus tard, en ces temps si crispés autour des questions religieuses et migratoires, entre autres, on constate que la charge n’a rien perdu de sa puissance corrosive, permettant au passage de tirer bien des enseignements du périple extravagant de l’infortuné héros. De cet exceptionnel matériau, Maëlle Poésy tire un spectacle fondé sur une capacité contagieuse à faire feu de tout bois. Le plaisir d’un théâtre artisanal, y est vif : portiques manipulés par les acteurs, bruitages et changements de costumes à vue, interludes dansés.  Du fameux tremblement de terre de Lisbonne à la traversée vers le Nouveau Monde, la question de Candide est ici posée avec éclat : pourquoi le monde tourne-t-il si mal ?