Exposition "Transis" au Château de la Sarraz
La nouvelle exposition temporaire du Château de la Sarraz met en lumière l'art funéraire.
Les transis sont en art funéraire la représentation réaliste du défunt le plus souvent en état de putréfaction. Ces transis végétaux, sculptés en détails, figurent du bois en voie de décomposition, laissant apparaitre à sa surface les formes d’une vie renouvelée. Comme en écho au transi du chevalier de la Sarraz dont il prolonge l’aura, ces deux marbres, dont le format rappel les pierres tombales, ébauche une représentation de la mort comme paysage ou comme biotope.
Si le transi est historiquement une représentation du corps humains en putréfaction ici, la sculpture prend de la distance sur son sujet et déplace le processus de décomposition de la chair vers le paysage naturel. La sculpture devient alors nécromasse, territoire ambigu où la vie émerge des replis de la matière morte. Ce biotope en voie de renouvellement voudrait donner l’occasion de s’interroger sur les effets de flux et de reflux, de marées du vivant.
L’approche technique et esthétique de ce projet se dégage moins dans sa généralité que dans les détails. La taille de la pierre est perçue comme l’accumulation de petites fleurs, d’animaux grouillant, de lichen rampant ou de mousses essayant de donner à pressentir plutôt qu’à voir. Les cavités du bois en voie de décomposition semblent abriter des formes de vie microscopiques presque indiscernables. Cependant la vue générale respecte les codes traditionnels de l’art funéraire, à la fois dans son format qui rappel la pierre tombale que dans son aspect de monument fleuri.
Ici le caractère sacralisant du marbre blanc a pour objet de rehausser une matière considérée comme basse voir repoussante a un statut plus noble. Utilisé traditionnellement pour célébrer l’Humain et ses institutions, le marbre donne l’occasion par inversion des valeurs de questionner les hiérarchies présumées du monde naturel. La pierre, qui en règle générale s’emploie à idéaliser la figure, est utilisée dans cette sculpture de façon détournée pour mettre à jour son immanence.
Nous savons aujourd’hui qu’une biodiversité élevée ne peut être garantie que par la présence de zone en putréfactions tels que les tas de bois mort, les marais ou même plus simplement les sols. Cette sculpture cherche à contempler la mort comme phénomène métabolique, comme processus écologique tout en gardant à l’esprit que les corps humains participent de ce biotope. À l’instar du tombeau du chevalier de la Sarraz dont elle se fait l’écho végétal, ces transis essaye de lever un bout du voile sur une dimension de nos existences qui semblent contenir tous nos tourments.
Où ? Château de la Sarraz
Quand ? Du 23 mars au 26 octobre 2024
Combien ? Entrée libre (prix de l'exposition permanente: de 6 à 30 CHF)