De la terre aux sommets - Philippe Jaccard & Claudia Von Boch

Philippe Jaccard

Né à Sainte-Croix, il offre à travers ses tableaux photographiques une vision personnelle des sommets qu’il a parcourus.

Ses parents, alpinistes aguerris, lui ont transmis leur passion pour la vie en extérieur, la nature et la montagne.

En voyageant, il confrontera cette vision de profondeur et de verticalité à des lignes plus horizontales et étendues. Aux paysages tant de fois montrés, il préfère le témoignage de l’intrication de l’humain dans son environnement.

À travers la rencontre avec ces univers très différents, Philippe Jaccard développe son besoin d’extraire ce qui se tapit dans les recoins oubliés pour les révéler dans des formes ou des positions peu communes.

Dans son travail actuel « Près de chez moi », Philippe Jaccard transgresse les dimensions en débusquant les lignes cachées dans des éléments végétaux, des troncs et des souches, pour les magnifier dans une ambiance alpine et sauvage.

Il met à contribution toute son imagerie « montagnarde » pour transformer les aiguilles, les débris et les mousses en cimes, éboulis et cols. L’objectif de l’appareil photographique est utilisé tantôt pour rapprocher les détails et écraser les lignes, tantôt pour éloigner le sujet et recréer de la profondeur. En suivant les arêtes ou en glissant le long des faces, le regard se laisse apprivoiser et oublie peu à peu que ces montagnes sont de bois et que leur taille dépasse rarement le mètre.

Les dernières périodes de confinement où les espaces se sont réduits pour chacun ont encore renforcé cette quête de grandeur et de liberté à partir de ce qui peut se trouver à proximité immédiate. Toutes les souches présentées se situent dans les forêts du Jura vaudois ou de la Broye.

Atteint dans sa santé, ne pouvant plus aller en montagne, Philippe Jaccard s’échappe de cette contraction des distances en révélant des sommets tout proches pouvant être parcourus sans efforts démesurés, juste avec les yeux… ou la pointe d’un crayon.

Sentant le besoin d’ancrer encore plus le spectateur dans son univers, Philippe Jaccard associe ses œuvres photographiques à des récits réels ou imaginaires. Le texte éclairant l’image en même temps que le cliché illustre l’histoire.

Rêver pour s’évader ! - texte de Philippe Jaccard :

Transformer les volumes puis les transposer et les révéler dans d’autres dimensions.

C’est mon chemin.

Les grands espaces ne pouvant plus être explorés, d’autres, plus petits, s’ouvrent à proximité.

Le détail s’impose, les perspectives se forment et les lignes s’affirment.

En plongeant dans le tableau, le sommet finalement apparaît, majestueux.

Mes montagnes ne sont pas de pierre mais de fibres.

Elles s’élèvent fièrement au bord de nos chemins

pour ceux qui savent ramper pour mieux s’élever.

L’objectif devient un moyen, la toile un support et les murs des espaces

amenant le spectateur à devenir un acteur de son propre voyage.

Claudia von Boch

Née au Canada, j’ai découvert la céramique en Argentine, pays d’argiles, où j’ai vécu pendant 23 ans.

Peut-être influencée par ma famille qui se trouve dans la fabrication industrielle de céramique (Villeroy&Boch) depuis plus de huit générations, l’argile est devenue ma compagne la plus fidèle.

Une première approche au travail céramique se fera en autodidacte, en suivant des cours de céramique, des stages de technologie et par l’apprentissage du tournage avec les céramistes Argentins Guillermo Mané et Jorge Basile.

Mais c’est une fois en Suisse que la céramique a pris pour moi une véritable tournure professionnelle. J’ai commencé par une année à Céruleum, Ecole d’Arts Visuels à Lausanne (1994-95), pour continuer avec quatre années de céramique à l’École d’Arts Visuels de Vevey (1995-99) sous la direction du céramiste Jacques Kauffman. C’est avec un diplôme de céramiste que j’ai inauguré en 1999 L’Atelier Gaïa.

Pendant 25 ans, j’ai partagé mon temps entre mon travail personnel, exposé en Suisse et à l’étranger, et l’enseignement de la céramique. Depuis 2019, j’ai arrêté les cours et j’ai déménagé l’atelier dans le Piémont en Italie où je travaille uniquement sur mes sculptures et des objets en petites séries.

Mon travail, qu'il s'agisse de sculptures ou d'objets uniques, s'inspire des phénomènes de sédimentation, d'érosion, de pression et de chaleur que l'on retrouve dans les strates géologiques des montagnes, des roches et des minéraux. Ainsi, les restes d'argiles, d'engobes colorés et d'émaux sont accumulés en couches.

Comme en géologie, ces argiles stratifiées, une fois cuites, racontent une histoire faite de fusions, de déformations, de couleurs, d'écoulements et de fissures. Comme une peau, les étapes de la vie et du temps sont conservées dans les strates.

Couche après couche, comme l'homme se construit... chaque couche aura alors une incidence sur l'ensemble de l'être dans un lien délicat et intime avec le monde terrestre.

La géologie de mon travail - texte de Claudi von Boch

Je commence mon travail en composant ma terre avec des argiles, des engobes et des émaux que j’ai récupéré de manière à reproduire les strates géologiques.

C’est cette géologie qui me fascine!

La formation des montagnes, des roches et des minerais est, comme pour la céramique, un phénomène non-statique que l’on pourrait dire presque vivant tant il y a transformation par l’action du temps, de l’érosion, des pressions et de la chaleur.

Cette source d’inspiration me pousse à créer des sculptures et des objets qui reprennent cet effet de stratification.

Ils en deviennent eux-mêmes des fresques géologiques, reproductions d’un temps raccourci par rapport à celui de la nature, et où le hasard partiellement contrôlé de la cuisson provoque des fusions, déformations, coulures, textures et fissures.

L’humain y trouve sa place, car sans la Terre il n’existerait pas…et alors, que serait-il de la Terre si l’humain n’était pas là pour l’imaginer, la comprendre et la modeler?

Mon travail témoigne de cette association. Les strates sont comme une peau qui conserve en elle les étapes de la vie et du temps et raconte une histoire.

L’humain est ainsi fait…chaque couche vient se rajouter à une ancienne…chacune aura une incidence sur l’être et fait partie d’un tout qui est délicatement et intimement lié au monde terrestre, au monde de Gaïa, la Mère Terre de la mythologie Grecque.

Sculptures et objets sont réalisés en grès noir ou anthracite et terres recyclées. Les cuissons se font à 1200°C, la plupart des pièces sans émail.

Vernissage en présence des artistes : samedi 9 décembre 2023 de 11h à 17h

Philippe Jaccard sera présent les samedis 16, 23 et 30/12/23

Claudia von Boch sera présente dimanche matin 10/12/23

Rendez-vous culture et apéro vendredi 5/1 / 24 à 10h30 organisé conjointement avec Pro Senectute

Finissage en présence des artistes : samedi 6 janvier 2024 de 15h à 17h

Horaires de la galerie : 

du mercredi au vendredi de 14h15 - 17h15,

le samedi de 10h15 - 17h15,

le dimanche de 10h15 - 13h15

et sur rendez-vous au 077 420 82 40

Encore 2 informations importantes :

Si vous désirez vous imprégner du monde de Philippe Jaccard, visionnez le reportage diffusé dans l’émission «passe-moi les jumelles» du 8 décembre 2023 dès 20h10 sur RTS 1.

La galerie Le Bunker soutient la cause de SOS Méditerranée et sa mission de sauvetage en mer durant l’exposition De la terre aux sommets. La céramiste Claudia Von Boch s’allie à ce soutien au travers de son œuvre Vagues qui témoigne de la situation en mer Méditerranée.