VOIR REGARDER UN VA-ET-VIENT

Une exposition de couleurs qui semblent fraîchement sorties de tubes généreux, dont l'habile Stéphane Sommer joue avec joie.

Mettons de convenir que « voir », c’est avec les yeux, « regarder », c’est avec l’esprit.

Mon travail de peintre fait le va et vient entre voir et regarder j’explore le champ du voir

face à ce que je vois, j’essaye d’être nu, de faire comme si je n’en savais rien être nu afin que quelque chose d’aussi familier qu’une chaise, qu’une table, qu’un verre puisse me surprendre, se montrer en étranger, s’affranchir de son nom et m’enchanter.

Cependant aussi loin que je dilate le voir, ce ne sera jamais un regard

je ne peux pas voir ce qui n’est pas sous mes yeux (se remémorer n’est ni voir, ni

regarder)

Mais je peux regarder les yeux fermés le regard est pareil à l’éclair il transfigure en invitant l’enfant.

La frontière entre voir et regarder est franche, comme celle entre la glace et l’eau qui coule, et comme pour l’eau, c’est une question de température, aussi ; frontière, mais aisé le passage de l’un à l’autre.

Mon travail témoigne de ce va et vient, dans une proportion qui varie pour chaque peinture, et n’essaye pas de le gommer ; il est de l’ordre du chant.

Voir est une joie en eau paisible, regarder, une joie en haute mer.