MUSICATELIERS - L'AFFAIRE DON GIOVANNI
L’incroyable histoire de la création du Don Giovanni à Prague où l’on retrouve autour de Mozart les deux vénitiens Da Ponte et Casanova, mais aussi Pauline Viardot, diva aux multiples talents, qui interviendra bien plus tard dans cette affaire...
MOZART - DA PONTE – CASANOVA - PAULINE VIARDOT
Avec Le Nozze di Figaro (1785) et Cosi fan tutte (1789), Don Giovanni est le second livret concocté par Lorenzo da Ponte [1749-1838] pour Mozart. En septembre 1787, le librettiste vénitien se trouve à Prague auprès du compositeur pour mettre la dernière main au Don Giovanni. Mais il est rappelé à Vienne par Salieri. Mozart, profitant de son l’absence, fait alors appel à Giacomo Casanova, qui se trouve aussi à Prague, pour retravailler en sa présence diverses scènes dont les chanteurs ne sont pas satisfaits.
Quelques ajustements restent à accomplir et l’on sait que la sublime ouverture sera composée par Mozart dans la fièvre de la nuit précédant la première à la villa Bertramka. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver les trois hommes réunis dans ce haut lieu pragois du jeu et des divertissements d’alcôves.
Ils se connaissent bien. À l’instar des deux vénitiens (c’est Casanova qui exporta pour son plus grand profit et celui de la cours de France le principe de la Loterie royale sur le modèle des casins de Venise), Mozart est lui-même amateur de jeux d’argent : à la villa Bertramka, on joue dans tous les sens du terme !
Deux feuillets de vers laissés par Casanova concernant des variantes de la scène du quintette de l'acte 2 de l’opéra ont été retrouvés. Et l’on sait aujourd’hui que Casanova assista au Théâtre des Etats de Prague à la création de l’œuvre le 29 octobre 1787. Da Ponte retrouvera Casanova à Dresde et à Prague en 1790.
Si le décor métaphysique planté dès l’ouverture par les accords sublimes et glaçants en ré mineur ne correspond pas exactement à l’univers du chevalier de Seingalt, on y retrouve pourtant une vision du monde qui ne peut que rapprocher ces trois créateurs imprégnés de philosophie maçonnique...
Mais les choses n’en resteront pas là. À la fin du XIXe siècle va entrer en scène Pauline Viardot, une des plus grandes artistes de ce temps, sœur de la Malibran, diva célébrée dans le monde entier, compositrice, pianiste, salonnière du Tout-Paris, amie de Tourgueniev ou de Gabriel Fauré, qui va tout entreprendre pour sauver in extremis le manuscrit de l’ouverture de Don Giovanni, lorsqu’elle apprend qu’il risque de disparaître irrémédiablement. Nouveau rebondissement dans cette incroyable histoire : Patrick Crispini, reprenant l’affaire Don Giovanni, en retrace les aspects fascinants et souvent méconnus…
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