Rétrospective artistique : quand art et engagement politique ne font qu’un

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Banksy, Kahlo, Zola et Regnault : quatre artistes engagés qui ont su marquer leur époque avec des œuvres aux consonances politiques. 



Depuis le mois de mars, une tyrannie sanitaire règne sur nos contrées suisses – et dans le monde entier. Un sentiment de lassitude remplit le cœur de certains, tandis que d’autres aiguisent leurs arguments qu’ils lancent avec rage contre un gouvernement qu’ils n’approuvent pas – qu’ils n’approuvent plus ! 

Des manifestations au parfum artistique prennent alors vie sous des formes variées. Ici, des graffitis invitent tout le monde à rester chez soi et respecter le confinement. Là, des artistes improvisés arborent un masque customisé au slogan criard. 

Toutes ces formes de contestations sont le résultat du besoin d’un ou de plusieurs individus de transmettre un message afin de répondre à une situation globale. En effet, depuis toujours l’homme utilise l’art comme véhicule de son engagement. De la musique à la peinture en passant par l’écriture, n’importe quel type d’art peut être utilisé pour contester une situation ou affirmer un engagement politique. 

En réponse au climat anxiogène actuel, l’équipe de Tempslibre vous propose une rétrospective sur l’art contestataire à travers les œuvres de quatre artistes engagés. L’occasion de prendre du recul sur la situation actuelle en découvrant – ou redécouvrant – des créations aux saveurs politiques. 


1. Jean-Baptiste Regnault (1754-1829) : La liberté ou la mort 

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Regnault, La liberté ou la mort, 1795 /Source: academic.ru


Abandonnant ses premiers amours, les sujets antiques, Regnault s’investit dans la peinture aux thématiques révolutionnaires avec « La liberté ou la mort ». Cette création, peinte 6 ans seulement après la Révolution française, a été exposée au Salon de Paris en 1795 où elle connut un grand succès.

À travers son œuvre, l’artiste cherche à capter l’attention du peuple français. Celui-ci est confronté à un choix que le Génie de la France (au centre du tableau) lui impose : la liberté (qui passe nécessairement par la défense de la République et de ses valeurs) ou si cela est impossible, la mort (à droite sur le tableau), unique alternative souhaitable. L’allégorie de la mort tient à la main une couronne de lauriers, puisque mourir pour la France est une victoire en soi. Par ailleurs, Regnault considère la mort non seulement comme un sacrifice au nom de la France, mais surtout un sacrifice au nom de la République.

Ce tableau est l’incarnation des principes de la Première République. Cherchant à éduquer le peuple, Regnault fait l’apologie du civisme et du sacrifice. « La liberté ou la mort » est la parfaite représentation de l’art au service de la révolution.


2. Emile Zola (1840 -1902) : J’accuse … !

Ecrivain à la plume affutée, Zola combat l’intolérance et l’injustice. Témoignant d’une tendance à la prise de position, ses romans politiques et sociétaux soulignent avec écœurement la misère humaine et matérielle.

En janvier 1898, l'écrivain prend position dans l’affaire Dreyfus en publiant dans L’Aurore sa célèbre lettre ouverte « J’accuse… ! ». Il y dénonce la corruption d’une dizaine de protagonistes, dont le ministre de la Guerre, qui prennent part à l’affaire Dreyfus.

Porté par la colère, Zola aurait écrit « J’accuse … ! » en moins de deux jours. Cette version est aujourd’hui contestée. La densité d’informations présente démontre que l’auteur a beaucoup plus prémédité l’écriture de sa lettre ouverte.

Le 13 janvier 1898, tout Paris s’arrache L’Aurore pour découvrir les détails de l’affaire Dreyfus, jusque là inconnus du grand public. Si l’intervention de Zola lui vaut par la suite un exil à Londres, précédé d’un procès pour diffamation, elle permet surtout de mettre la lumière sur l’injustice intolérable dont Dreyfus est victime. Grâce à « J’accuse… ! », l’affaire Dreyfus est relancée. Les faits présentés par l’écrivain sont pris en compte, le mensonge des militaires percé à jour et Dreyfus est finalement innocenté.

Aujourd’hui, « J’accuse… ! » est toujours considéré comme étant le symbole du pouvoir de la presse au service de la vérité et de la justice.


3. Frida Kahlo (1907-1954) : Le marxisme guérira les malades

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Kahlo,  El Marxisme Dara la Salud a los Enfermos, 1954 / Source :UA Blogs


Emblème de la femme moderne, Frida Kahlo défend avec ardeur la condition et l’émancipation des femmes – notamment mexicaines. Artiste profondément engagée, elle revendique également son appartenance politique à travers plusieurs de ses toiles. L’objectif étant de « servir le Parti » et de « soutenir la Révolution » à l’aide de ses talents artistiques.

En 1954, Kahlo peint « Le marxisme guérira les malades ». Cette toile à la résonance communiste dévoile au grand jour les convictions utopiques de l’artiste. Selon Kahlo, le marxisme aurait la capacité de guérir les maladies de tous et d’apaiser les esprits.

Pour appuyer ses croyances, elle se représente au centre du tableau, habillée de son corset, pendant que les mains du marxisme la guérissent. Ses béquilles alors superflues sont abandonnées, tandis que dans sa main gauche tient le livre rouge du marxisme. Un détail terriblement puissant et emplit d’une symbolique forte. Le livre rouge remplace les béquilles de Frida, elle peut dès lors s’appuyer entièrement sur son idéologie pour avancer. Elle est guérie grâce au marxisme !


4. Banksy (~ 1980 – aujourd’hui) : Si t’as pas de masque, t’as rien compris



Figure incontournable du street-art mondial, Banksy se démarque par ses œuvres satiriques et souvent provocantes. L’artiste au pochoir délivre des messages anticapitalistes, antimilitaristes et antisystèmes, qui le poussent parfois à s’aventurer sur des terrains glissants où règnent des sujets sensibles et controversés.

À l’heure où la crise sanitaire oppresse le monde entier, le Britannique décide de lutter contre la COVID-19 à sa manière. Infiltré dans le métro londonien, le street-artiste s’arme d’un pulvérisateur et de ses fameux pochoirs pour faire naître des rats facétieux. L’objectif ? Inciter les passagers à se protéger contre le virus, notamment en portant le masque.

L’œuvre éphémère de Banksy s’inscrit dans une rame de métro où une bande de rats espiègles s’amuse avec du matériel de protection contre la COVID-19. Ici, un rongeur plonge dans le vide équipé d’un masque chirurgical qui fait office de parachute. Là, un autre éternue et asperge ses voisins de ses germes… Il ne portait pas de masque… 

Ne faites pas comme les rats, portez un masque ! Entre humour noir et engagement, Banksy ne cessera jamais d’étonner.

Auteure : LSA


Créé le 22.10.2020 par Lauriane

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