De dévoreuse d'enfants à icône féministe, l'image de la sorcière a drastiquement évolué ces dernières années. À travers 5 oeuvres cinématographique découvrez comment la sorcière a réussi à redorer son blason.
Monstre sanguinaire perverti par le Malin, la sorcière est d’abord diabolisée. Dégoûtante succube, elle fait frissonner les gens honnêtes et colore les cauchemars des enfants. Avec l’avènement du cinéma, ce personnage fascinant évolue dans l’imaginaire collectif. Du laideron démoniaque à la séductrice redoutable, la sorcière se retrouve sexualisée à outrance. Sa beauté est hypnotique mais souvent factice.
En continuel évolution, le mythe de la sorcière intègre aujourd’hui le combat féministe. Femme forte et indépendante, la sorcière de 2020 est un modèle pour l’émancipation de la femme. Icône de transgression, elle dénonce l’oppression du patriarcat et incarne l’espoir du renouveau.
À travers 5 oeuvres cinématographique, découvrons - ou redécouvrons - les multiples représentations de la sorcière au cinéma. L’occasion de comprendre comment de monstre effrayant, ce personnage est devenu une véritable idole.
1) Blanche-Neige et les Sept Nains (1937)
Brisant pour la première fois les stéréotypes de la sorcière repoussante aux traits anguleux (nez crochu et menton proéminent), la belle-mère de Blanche-Neige est incarnée par une femme mature, séduisante, énigmatique mais terriblement maléfique.
Si la Reine-sorcière initie le spectateur à une nouvelle image de la sorcière, celle-ci se limite uniquement à l’aspect physique du personnage. Futile, la Reine-sorcière est au service d’une vanité puérile qu’elle nourrit au péril de sa vie.
Incarnation de stéréotypes sexistes, la Reine-sorcière utilise uniquement ses pouvoirs pour satisfaire ses désirs superficiels et typiquement « féminin »… L’image de la sorcière indépendante et émancipée est encore loin. Nous ne sommes qu’en 1937.
2) Le Magicien d’Oz (1939)
Image : © Wichita Films
Avec son nez crochu et son chapeau pointu, la Méchante sorcière de l’Ouest incarne à merveille les stéréotypes véhiculés sur les sorcières depuis des siècles. Sa peau verte ajoute une touche de fantaisie et deviendra même l’archétype de la sorcière démoniaque lors de nos soirées d’Halloween.
Le Magicien d’Oz ne se contente pas d’exploiter les clichés autour du mythe de la sorcière, innovant il présente également une gentille sorcière : Glinda. Une première dans l’histoire du cinéma. La douce et jolie Glinda se donne la mission d’aider Dorothée - pour le plus grand étonnement de cette dernière.
Avec ce personnage aux antipodes des légendes habituelles, les codes culturels se retrouvent bousculés. Chamboulé, le public commence à avoir une nouvelle vision de la sorcière - autrefois tant détestée.
3) Les Sorcières (1990)
Image : © 1990 Lorimar Film Entertainment − Tous droits réservés.
Adaptation de l’oeuvre de Roald Dahl, Sacrées sorcières, ce film nous présente une nouvelle facette des sorcières. Sournoises et mesquines, elles agissent dans l’ombre et en bande organisée. Dissimulées dans la peau de femmes charmantes, voire séduisantes, elles leurrent les adultes pour s’attaquer aux enfants qu’elles détestent éperdument.
Une dualité entre leur beauté factice et leur apparence réelle est mise en avant. Ici, la méchante sorcière ne peut pas être belle à l’intérieur. Lorsque les masques tombent, la véritable apparence des sorcières est révélée : leur laideur est indescriptible, leurs nez sont crochus, leurs visages garnis de verrues proéminentes et elles sont complètement chauves.
La seule sorcière dont la beauté n’est en rien gâchée est celle qui se repentit et devient gentille. Vous avez compris la morale de l’histoire ? Si vous voulez être jolie, soyez gentille !
4) Harry Potter et la chambre des secrets (2002)
Nous connaissons la sorcière jolie, la sorcière gentille, à présent place à la sorcière intelligente ! Bien que le golden trio soit composé d’une majorité de garçons, Hermione Granger se démarque par son ingéniosité et sa sagesse.
Studieuse, elle combat le mal grâce à son travail acharné et rechigne à désobéir aux règles - bien qu’elle finisse toujours par le faire. Véritable virtuose dans l’art de la sorcellerie, Hermione n’utilise pourtant jamais ses pouvoirs pour assouvir ses désirs personnels et égoïstes.
Enfin, la singularité de la jeune sorcière repose également dans le fait qu’elle n’ait jamais besoin d’être objectivée ou sexualisée pour faire avancer l’histoire. Réfléchie et indépendante, Hermione Granger devient un modèle pour toute une génération de soeur-cières.
5) Les nouvelles aventures de Sabrina (2018)
Flirtant entre clichés des années 90 et problématiques actuelles, cette série - aux allures de Teen movie - revisite avec adresse le mythe de la sorcière.
À l’aube de ses 16 ans, Sabrina (mi-sorcière, mi-humaine) se trouve confrontée à un choix cornélien : rejoindre le monde des sorcières et servir le Diable ou abandonner définitivement ses pouvoirs et rester parmi les mortels. Maligne et déterminée, la jeune sorcière parvient à déjouer les pièges que le Diable lui-même lui tend et ne renie jamais sa nature humaine.
Les nouvelles aventures de Sabrina cultive les légendes associant les sorcières au Diable. Comme dans le film Les Sorcières, on retrouve des sorcières évoluant en bande organisée et soumises à la volonté d’un homme - ou du Diable. En revanche, cette fois-ci, cette organisation est remise en question par la jeune Sabrina. Rebelle, intelligente et indépendante elle compte renverser cet équilibre ingrat et effacer les inégalités et inimitiés entre humains et sorcières.
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