Ces oeuvres d’art volées dont on a perdu la trace

Magiciens des temps modernes, les voleurs d'art parviennent à faire disparaitre les plus grands chefs-d'oeuvre de l'histoire. Entre frustration et injustice, faisons une rétrospective sur ces classiques qui ont disparu de la circulation. 


Poussé par l’égoïsme et l’appât du gain le voleur d’art rafle les plus grandes pièces des musées du monde. Les merveilles de Da Vinci, Picasso ou encore Rembrandt ont toutes été un jour victimes d’un odieux vol. Le hasard a permis à certaines oeuvres de réapparaître miraculeusement tandis que d’autres ont connu un destin plus funeste, perdues à jamais mais certainement pas oubliées. Tempslibre vous propose de découvrir sept oeuvres d’art à la destinée auréolée de mystère. 


Portrait d’un jeune homme, perdu en 1945

nom de l'imageImage : Wikimédia Commons

Autoportrait supposé du peintre Raphaël, cette oeuvre a été réalisée entre 1513 et 1514. Jusqu’en 1939, elle est exposée au musée Czartoryski, à Cracovie. 

Alors que la deuxième guerre mondiale frappe de plein fouet l’Europe de l’Est, Hans Franck est nommé gouverneur de Pologne. Pour embellir sa nouvelle résidence, l’Allemand s’accapare trois tableaux du musée Czartoryski. Parmi ceux-ci se trouve le Portrait d’un jeune homme qu’on peut admirer jusqu’en 1945 chez le gouverneur, avant qu’il ne disparaisse mystérieusement lors de la libération de la Pologne. 

Toujours activement recherché par les autorités polonaises, cet autoportrait - d’une valeur estimée à 100 millions d’euros - est l’un des plus précieux chef-d’oeuvres ayant été perdus au cours de la seconde guerre mondiale. 


La Nativité avec saint François et saint Laurent, volé en 1969

nom de l'imageImage : Wikimédia Commons

Entre réalisme inquiétant et imaginaire fantasque, la Nativité de Michelangelo Merisi voit le jour à l’aube du 17ème siècle, en 1609. La nuit du 17 octobre 1969, l’oeuvre du maître du clair-obscur est grossièrement arrachée de son cadre avant de quitter - peut-être pour toujours - l’oratoire de San Lorenzo qui l’abritait depuis plus de trois siècles. Cet acte sordide est rapidement attribué à la mafia italienne, La Cosa Nostra. 

Pour retrouver cette peinture iconique tous les moyens sont bons. Une brigade de police spécialisée dans la recherche d’oeuvres d’art volées est alors mise en place. Entre aveux contradictoires, mensonges éhontés et querelles de mafieux, la piste du tableau est malheureusement définitivement perdue en 1980. 

Récemment, le témoignage d’un ancien membre de la mafia sicilienne lève en partie le voile sur le mystère de la disparition de la Nativité. L’homme soutient que le célèbre tableau a été entreposé dans une grange avant de se faire dévorer par les rats et les porcs. Cette sordide hypothèse n’a cependant pas été prise au sérieux et le tableau est toujours activement recherché par le FBI.  


Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée, volé en 1990 

nom de l'imageImage : Wikimédia Commons

À Boston, alors que la fête de la Saint-Patrick bat son plein, un des plus gros casses de l’histoire de l’art a lieu. En moins de 85 minutes, treize chefs-d’oeuvre sont dérobés au musée Isabella Stewart Gardner. Parmi ceux-ci, Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée réalisé par Rembrandt en 1633. 

Les deux cambrioleurs - déguisés en policiers pour l’occasion - s’en tirent avec un butin estimé à 500 millions de dollars. Du jamais vu aux Etats-Unis ! Le FBI mène une enquête longue et laborieuse qui n’engendre qu’un échec sourd et frustrant. Les treize oeuvres d’art semblent s’être volatilisées. 

Aujourd’hui, le cadre vide du chef-d’oeuvre de Rembrandt orne toujours le mur du musée. Hommage silencieux à cette peinture perdue ou espoir insensé de retrouver l’oeuvre adorée, à vous de juger. 


Figure allongée, volée en 2005


nom de l'imageImage : Henry Moore Fondation 

Colossale, la Figure allongée d’Henry Moore pèse plus de deux tonnes. Trônant fièrement au centre des jardins de la Fondation Henry Moore, rien ne semble pouvoir menacer cette statue paisible aux formes féminines. 

En décembre 2005, l’audace de trois hommes remet en question la sérénité de cette grande dame de cuivre. Avec l’aide d’un camion-grue et d’une Mini Cooper les voleurs arrachent la statue à son domaine avant de la faire disparaître peut-être à tout jamais. Certaines sources avancent que l’oeuvre de Moore aurait été revendue à une fonderie. 


Le Pigeon aux petits pois, volé en 2010

nom de l'imageImage : Wikimédia Commons

Entre souvenir d’enfance et composition dramatique, cette nature morte au ton monochrome s’inscrit dans le style cubiste analytique caractéristique de Picasso. Réalisé en 1911, Le Pigeon aux petits pois connait un destin funeste lorsque Vréjan Tomic l’enlève de son cadre la nuit du 19 mai 2010. 

Ce soir là, le Musée d’art moderne de Paris subit la perte de cinq tableaux, d’une valeur totale de 100 millions d’euros. Le casse affole les médias qui s’emparent avec frénésie de cette affaire singulière. Effrayé par cette agitation inattendue, le collectionneur pour qui Tomic est passé à l’acte se rétracte. 

Face aux enquêteurs, le voleur affirme avoir détruit les cinq chefs-d’oeuvre car il lui était impossible de les écouler sans attirer l’attention. Cette tragique hypothèse est rejetée par la police, qui n’a pourtant jamais retrouvé la trace des tableaux disparus. 


América, volé en 2019

nom de l'imageImage : Leon Neal/ getty image

Célèbres toilettes de 18 carats, America a pour vocation d’aplanir symboliquement les inégalités sociales. Présentée la première fois au musée Guggenheim de New York, chaque visiteur a eu la possibilité d’utiliser librement cette oeuvre pour soulager un besoin naturel. Son créateur, Maurizio Cattelan, affirme à ce sujet que America incarne l’art du 1% (les personnes les plus riches de la planète) au service du 99%. 

La nuit qui précède l’inauguration de l’exposition Victory is Not an Option, des voleurs s’infiltrent dans le palais de Blenheim dans le but de dérober le fameux America. Les WC en or étant reliés à la plomberie du bâtiment, les malfrats commettent d’importants dégâts pour s’en emparer. Le lendemain, samedi 14 septembre 2019, une inondation conséquente accueille les employés du palais. 

L’oeuvre subversive, d’une valeur d’1,13 millions d’euros, demeure encore aujourd’hui introuvable.


Jardin du presbytère de Nuenen au printemps, volé en 2020

nom de l'imageImage : Musée de Groningue

En mars dernier, la pandémie de COVID-19 fait rage. Dévastatrice, elle force de nombreuses institutions culturelles à garder leurs portes closes. C’est notamment le cas du musée Singer Laren, aux Pays-Bas. Profitant de cette situation exceptionnelle, des voleurs s’introduisent dans le musée pour y dérober le chef-d’oeuvre de Van Gogh, le Jardin du presbytère de Nuenen au printemps. En arrivant sur place après avoir été alerté par l’alarme, les policier découvrent la porte d’entrée vitrée fracassée mais aucune trace des voleurs.

Hasard du calendrier ou humour sordide, le vol de ce tableau coïncide avec le 167ème anniversaire de son créateur, Vincent Van Gogh. Il s’agit également du troisième tableau du maître néerlandais à être subtilisé aux Pays-Bas. 

En s’exprimant sur cette effraction, Arthur Brand - expert d’art néerlandais - a estimé que c’était un travail d’amateurs car les voleurs se sont contentés d’un seul tableau alors qu’ils auraient eu largement le temps de s’emparer d’autres oeuvres inestimables. Amateurisme ou admirateurs sincères de cette oeuvre, l’avenir nous le dira peut-être. 

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Auteure : LSA

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