De la maîtresse exclue à la protestation politique, découvrez les secrets que cachent les plus célèbres oeuvres d'art du monde.
Vaniteuses, elles trônent au coeur des plus grands musées du monde. Véritables monuments de l’histoire de l’art, des milliers de curieux ont déjà posé sur elles un regard admirateur. Observées sous toutes les coutures depuis des siècles, elles ont pourtant su garder jalousement quelques secrets parfois inavouables.
De Michelangelo à Monet, découvrez ce que ces artistes de renoms ont dissimulés dans leurs oeuvres les plus célèbres.
Les Époux Arnolfini, Jan van Eyck (1434)
Oeuvre majeure du peintre flamand Jan van Eyck, Les Époux Arnolfini donnent encore aujourd’hui du fil à retordre aux historiens de l’art. L’hypothèse d’un mariage privé pour masquer une grossesse non désirée a longtemps été soutenue, sans jamais être réellement confirmée.
Néanmoins, le plus grand mystère de cette oeuvre n’est pas détenu par les protagonistes principaux. Il réside au coeur du miroir qui trône entre les époux. Heureux témoin de cette scène - et peut-être même du mariage- le peintre peut être aperçu dans le reflet, accompagné d’une silhouette inconnue. Cette dernière est souvent attribuée au frère de l’artiste, Hubert.
Cette mise en abyme audacieuse souligne la virtuosité dont fait preuve Jan van Eyck lorsqu’il crée. L’observateur aguerri aura cependant remarqué que le petit chien n’apparait pas dans le reflet du miroir et que les époux ne se tiennent plus la main.
La création d’Adam, Michelangelo Buonarroti (1508-1512)
Icône incontournable, La création d’Adam habille avec délicatesse la voûte centrale de la chapelle Sixtine. Inspirée du livre de la Génèse, il semblerait qu’elle cache un secret bien plus sensible que celui de la naissance de l’humanité.
Derrière Dieu, insufflant la vie à Adam, se déploie un manteau aux couleurs sanguines. La forme qu’il prend rappelle celle d’un cerveau humain. Des détails anatomiques comme le cervelet, le nerf optique et la glande pituitaire sont notamment reconnaissables.
Il est possible que ce cerveau incarne la connaissance divine transmise par Dieu à Adam. Cette théorie ne prend pourtant pas en compte l’esprit rebelle et acerbe de Michelangelo. Anticonformiste, l’artiste aurait plutôt utilisé la symbolique du cerveau pour exprimer son opinion contestataire par rapport au rejet de la science par l’Église.
Les Proverbes flamands, Pieter Brueghel l’Ancien (1559)
Merveilleusement imagés, les proverbes flamands sont une incroyable source d’inspiration pour Pieter Brueghel l’Ancien. L’esprit vif et fantasque, il crée en 1559 une oeuvre singulière qui a pour objet de représenter au sens littéral une centaine de proverbes populaires.
Véritable trésor historique, ce tableau nous rappelle de manière ludique les expressions couramment employées au XVIème siècle. On se surprend même à en reconnaître certaines qu’on utilise toujours de nos jours : « armé jusqu’aux dents » , « aller à contre courant » ou encore « l’un tond le mouton, l’autre le porc ».
Au moment de sa création, cette oeuvre s’adresse principalement à des humanistes et des hommes de lettres. Les allusions qu'elle contient ne peuvent être comprises que d’une minorité de personnes. Quatre siècles plus tard, certaines expressions continuent à nous paraître obscures.
Saurez-vous malgré tout reconnaître les proverbes les plus pittoresques ?
L’Atelier du peintre, Gustave Courbet (1855)
Sublime cénacle, Gustave Courbet dépose sur cette toile sa vision de la société. Presque manichéenne et terriblement subjective, celle-ci renvoie à l’état moral du peintre à cette époque.
Doté d’une organisation précise, ce tableau peut être divisé en trois parties. Au centre se trouve Courbet, protagoniste principal, accompagné de son modèle. À sa droite on retrouve les « élus », ceux qui soutiennent le peintre et le monde de l’art. Enfin, à sa gauche sont présents ceux qui se nourrissent de la misère d’autrui et plus généralement de la mort.
Parmi les élus, nous pouvons reconnaitre l’ami de Courbet, Charles Baudelaire. Allégorie de la poésie, Baudelaire est représenté assis à une table entrain de lire - ou de travailler sur - un manuscrit. À ses côtés, une silhouette fantomatique est à peine discernable.
L’histoire nous rapporte qu’il s’agit de Jeanne Duval, la maîtresse du poète français. Elle aurait dû trôner fièrement aux côtés de son amant mais après une violente dispute, Baudelaire demande expressément à Courbet d’effacer sa maîtresse du tableau. L’artiste s’exécute et recouvre subtilement la silhouette de peinture. Les aléas du temps finiront pourtant par révéler ce subterfuge.
Ironie du sort, Charles Baudelaire se retrouve hanté pour toujours par son amante qu’il espérait naïvement faire disparaître.
La morale de l’histoire ? On ne se débarrasse jamais de ses amours passés.
Femmes au jardin, Claude Monet (1966)
Rafraîchissante, cette peinture aux couleurs ingénues ne manque pas d’apaiser les coeurs solitaires. Les trouées de soleil semblent circuler avec une légèreté hypnotique tandis que trois femmes et un jardinier se prélassent.
Trois femmes et un jardinier ? Vraiment ? Sur quatre personnes présentes dans le tableau, trois ont en réalité été inspirées par le même modèle : Camille Doncieux. Les traits de son visage se retrouvent dans ceux des deux femmes à gauche et dans celui du jardinier au bouquet.
Véritable muse, Camille Doncieux apparaît dans de nombreuses oeuvres de son amant, transi d’amour pour elle.
La chambre bleue, Pablo Picasso (1901)
Assommé par la pauvreté, Pablo Picasso dépose frénétiquement sur la toile sa mélancolie et sa tristesse latente. En 1901, au tout début de sa période bleue, l’artiste espagnol donne vie à La chambre bleue.
La solitude colore cette oeuvre au parfum maussade. Pourtant, ce n’est pas cette solitude sinistre qui attirera l’attention d’un conservateur d’art en 1953. Dérangé par la composition du tableau et les coups de pinceaux inhabituels, celui-ci est persuadé que ce tableau cache quelque chose. Ses doutes seront confirmés au début des années 90 lorsqu’un scanner à rayon X révélera que La chambre bleue enferme en elle un autre tableau.
Dissimulé sous une épaisse couche de peinture, Picasso avait réalisé le portrait d’un homme avant de le remplacer par La chambre bleue. Sa précarité ne lui permettant pas d’acheter de nouvelles toiles et son besoin de peindre étant trop pressant, l’artiste se voyait souvent dans l’obligation de réutiliser d’anciennes toiles.
Si l’hypothèse de l’autoportrait est exclue, l’identité de l’homme barbu reste encore un mystère à résoudre.
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Auteure : LSA